Métabolites secondaires produits par des moisissures, les mycotoxines sont des toxiques se développant sur la plante en plein champ ou lors du stockage, dans toutes les régions du monde. Cancers, néphropathies, pathologies hépatiques, syndromes hémorragiques, désordres immunologiques et neurologiques constituent une palette d’effets toxiques attribués aux mycotoxines. L’ingestion d’aliments contaminés (locales ou importés) est considérée comme la principale voie d’exposition chez l’homme.

Si les risques liés à la contamination des aliments par les mycotoxines sont bien connus, ceux que courent les travailleurs exposés à ces toxiques sur leur lieu de travail le sont beaucoup moins.

Des mycotoxines et des moisissures toxinogéniques ont été récemment mises en évidence dans les poussières aériennes et sédimentées lors de diverses activités concernant les céréales, l’élevage, la fabrication d’aliments pour animaux et la transformation de certaines denrées alimentaires pour l’alimentation humaine, indiquant que l’inhalation et le contact cutané pouvaient représenter des voies d’exposition supplémentaires. Dans un contexte de changement climatique propice à leur développement, associé à une fréquente co-contamination des denrées par plusieurs mycotoxines, caractériser les niveaux d’exposition est une étape essentielle pour identifier les secteurs professionnels concernés et mieux évaluer l’impact sur la santé des travailleurs.

La stratégie développée est basée une approche intégrée prenant en compte les principales voies d’exposition et les mycotoxines les plus pertinentes en santé humaine. Le premier axe de travail porte sur le dosage simultanément de ces mycotoxines dans l’air des lieux de travail par des prélèvements individuels et d’ambiance. Le deuxième axe de travail concerne la biométrologie des expositions par le dosage des mycotoxines et de leurs métabolites dans les urines des professionnels potentiellement exposés. Cette démarche est complétée, pour tenir compte des expositions par voie alimentaire, par des données biologiques de populations non professionnellement exposées et par un recueil d’informations sur les habitudes alimentaires des professionnels concernés.